La Musique légère
Lorsque la télévision n'existait pas encore, avant que la TSF n'installe son poste à galène dans les salons, les soirées étaient longues. Vêtues de leur robe de chez Worth, les dames brodaient, les messieurs dégrafaient leur col cassé et lisaient le journal ou l'Illustration en tortillant leur moustache, et les grands-mères à bonnet blanc racontaient aux petits-enfants les histoires de la Semaine de Suzette.
Mais quelquefois, on organisait des «soirées musicales». On invitait la famille, les amis, les collègues, quelqu'un s'installait au piano et jouait les derniers airs à la mode : valses, polkas, mazurkas ou galops. L'espace d'un soir, l'employé, la couturière, le rond-de-cuir, la commerçante et le vieux gandin se prenaient pour Caruso, Schneider ou Melba, et l'on entonnait gaiement des airs d'opérette ou d'opéra-comique que tout le monde connaissait ; ainsi défilaient les mélodies d'Offenbach, de Lecocq, de Planquette et de Messager, tandis qu'on se passait les gâteaux et la limonade.
C'est cette ambiance d'autrefois que nous ressuscitons, le temps d'un récital qui alterne les valses viennoises, les airs d'opéras, les airs d'opéra-comique et qui fait voyager les spectateurs dans le temps, de Donizetti à Strauss, d'Offenbach à Christiné.
Gilles-Marie Moreau